Sentier des sources et rochers remarquables en haute vallée
Parcours : 6 km A/R Durée estimée : 2h45 Balisage : rectangle jaune Dénivelé : 450 m Départ : hameau de Lapedina suttana Carte IGN : TOP 25 4347 OT |
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C’est à coup sûr le sentier le plus difficile mais le plus beau de la « route de l’eau ». On entre dans un monde disparu, la société agropastorale et autosuffisante de la fin du XIXe siècle) qui se laisse deviner par quelques repères ténus. La majesté des lieux -quelque chose d’âpre, de primitif, de simplement grandiose-, la sensation de s’élever entre ciel et maquis, de dominer l’espace, agissent comme un puissant révélateur. Le matin très tôt ou le soir à l’heure du soleil déclinant, le moment peut-être magique.
A l’approche du hameau de Lapedina, la route forme une fourche. A la hauteur du panneau « Lapedina CC » indiqué « impasse », empruntez la route qui grimpe, à gauche. Une centaine de mètres plus loin, un petit espace se dégage sur votre gauche. Prenez soin de garer votre véhicule à cet endroit, non loin de la « Villa des 3 Marie ».
Arrivé sur la partie goudronnée, prenez la route à gauche et allez jusqu’au bout. En face de vous, vous distinguez le portail d’une propriété à l’abandon. Sur votre gauche, un petit pont enjambe un ruisseau, à sec en été. Prenez cette direction. Vous pouvez deviner alors, sur votre droite, la fontaine de Lapedina. Elle mérite le détour. |
Revenez ensuite sur vos pas jusqu’à la route. Face à vous, des escaliers en ciment grimpent dans le hameau. Prenez-les et suivez le balisage jaune. Dans la montée qui vous conduit à la chapelle Saint-Pancrace, observez, à gauche, une très grande pierre plate, assez basse. C’est là qu’une habitante du village frottait son linge avant de le laver. Juste en face, à droite, la maison en pierres à la porte en bois bleu n’est autre que la première école du village. Elle a été transformée en gîte rural. Poursuivez votre montée jusqu’à la chapelle, fort bien restaurée par les Lapedinacci, (les habitants de ce hameau historique). La placette engazonnée, le mur-banc d’enceinte en pierres traditionnelles, la vue qui s’offre à vous font de ce lieu l’un des plus attachants de Pietracorbara. |
Reprenez ensuite votre montée : le chemin part à droite parmi les maisons effondrées. Vous quittez le hameau par une petite prairie. Donnez un dernier coup d’œil au toit de la chapelle, il ressemble à la proue retournée d’un navire lancé dans le ciel d’azur. Le clocheton rustique, l’humble croix dressée en son sommet sont de belle facture. Le chemin s’élève lentement au milieu des arbres puis tourne à gauche. Vous longez un mur à main droite. C’est l’ancien chemin communal . Il devient assez abrupt et, entre les pierres, on devienne un petit cours d’eau, souvent à sec en été. Après cinq minutes de marche vous atteignez un chemin qu’il faudra prendre à gauche. Pensez à placer une branche ou une pierre de signalement pour, à la redescente, tourner à cet endroit et reprendre le bon chemin à droite, cette fois, pour rejoindre le hameau.
La montée a commencé. Pour vous donner du courage songez que les Lapedinacci empruntaient ce trajet plusieurs fois par semaine. Il conduisait aux plateaux fertiles où poussaient les arbres fruitiers et les céréales. Vous entrez dans un paysage de traces. Elles sont souvent ténues et racontent l’histoire d’une société agro-pastorale et autosuffisante aujourd’hui disparue. Maisonnettes agricoles, aire à blé, murs de soutènement ou de séparation, grottes aménagées pour les bêtes ou pour les hommes, tout cela est bien souvent englouti par le maquis.
Vous atteignez une petite clairière. Reprenez votre respiration en observant le gros rocher qui, à droite, au-dessus de vous, domine le paysage. C’est la petra curbaghja, la pierre qui, selon la tradition, aurait donné son nom à la commune.
A cet endroit la petra curbaghja est proche. Vous la voyez à droite de la source. Un chemin permettrait d’y conduire en quelques minutes. Le lieu est important : une source, un enclos, une aire à blé non loin de là et quelques maisonnettes sont dans ce périmètre. L’endroit connaissait une activité agropastorale certaine.
Cette toison verte ferait pâlir nos ancêtres : il y a un siècle, tous ces terrains étaient propres et cultivés. L’eau de la source de l’Oriente et le plateau protégé des vents par la barrière montagneuse de l’Alticcione faisaient du lieu un coin fertile. Reprenez le chemin sur la droite. Après une dizaine de minutes, vous atteignez un endroit étonnant : u frate (le moine).
C’est d’abord un chaos de pierre verte et rousse. Un beau schiste prêt à l’emploi, des dalles lisses et lourdes, des linteaux déjà taillés par la nature. De la pierre à profusion et, à la pointe de cet espace minéral, une sorte d’animal dressé sur ses deux pattes, un totem à bec, le cou d’un aigle, tête pointée. Nos aïeux qui cultivaient leur imagination religieuse y voyaient un moine de pierre, le capuchon gonflé par le vent. Quelle que soit votre propre interprétation, la beauté du Frate intrigue. C’est le soir, lumière déclinante, qu’il est le plus étonnant. Sa face ouest s’éclaire, blanche et verte, comme le fronton de Sainte-Marie-des-fleurs à Florence. Mais ici la nature est l’unique architecte de « l’œuvre » qui défie le temps.
Reprenez votre marche en direction du nord. Après huit minutes, vous parvenez à un terrain plat ; lui aussi était planté en céréales. Aujourd’hui, c’est le lieu de prédilection de l’hellébore de Corse qui fleurit en décembre. Le terrain, au printemps, est gorgé d’eau. Du gazon sauvage pousse par plaques : le gazon de campu merchju (c’est le nom du lieu-dit) tranche avec l’aridité du lieu. Il paraît aussi vert que du gazon anglais !
La source de campu merchju est à quelques mètres: une large pierre plate vous permet de vous agenouiller pour goûter l’eau. Plus qu’une source, c’est une résurgence : l’eau semble remonter du sable schisteux. L’objet idéal, ici, est une paille pour aspirer ce qui vient des tréfonds. Mais l’eau n’est pas forcément potable.
Une partie de la roche est littéralement colonisée par un lierre magnifique, sorte de toison verte qui adoucit la sévérité de l’ensemble. Entre les deux rochers, des murs de pierre ont été montés comme dans l’urgence. Ici, les hommes ont aménagé une bergerie sommaire pour les temps estivaux. Le rocher nord forme un auvent massif. On pourrait y dormir la nuit et s’assoupir en regardant les étoiles.
L’ensemble est sans apprêt, brut et beau comme le lieu. Un peu plus loin, vers Cagnano, montez sur le rocher au bout de l’à-pic. C’est un point de vue exceptionnel sur les vallées de Pietracorbara, Cagnano et Luri. Côté mer, l’archipel toscan s’offre à vous, avec du nord au sud, Capraia, l’île d’Elbe, Monte Cristo et Pianosa qui se détachent nettement par temps clair. Ces îles, posées sur la mer, vous paraîtront très proches.
Vous êtes arrivé aux termini, au point septentrional du sentier, au bout du territoire communal de Pietracorbara, à la « frontière » avec Cagnano. A gauche (ouest) l’Alticcione (1 138 m) se tient à distance. Il ne se laisse pas approcher facilement.
Il ne vous reste plus qu’à redescendre par le même chemin. Mais, à la descente, le sentier vous offrira – vous verrez – de nouveaux paysages.
2. Balade des ponts et des fontaines |