Les activités de Petra Viva

[ANNULÉ] Samedi 4 novembre

Petra Viva organise une après-midi spéciale LAPEDINA, le plus haut hameau de la commune de Pietracorbara. Parce que ce hameau a une histoire particulière et riche, notamment sur le thème des utopies* l’association lui consacre, le samedi 4 novembre, deux moments forts ouverts à tous :
15h00 : balade commentée du hameau à partir du thème de l’utopie. De l’allée Gabriel Peri à la fontaine où est peint le « soleil radieux du socialisme », en passant par les murs en pierres sèches et sans toit de Fiamone ou les lieux de vie des hippies.
Dominique Antoni, journaliste, guidera la visite. Il fera redécouvrir ce hameau, berceau de la commune, en insistant sur ces femmes et ces hommes qui ont voulu vivre autrement.
Départ de Lapedina suttana devant la fontaine Mattei. Boucle de 2,5 km. 1h15. Dénivelé : 120 m. Niveau : facile. Inscriptions au 06 31 14 95 71. Participation libre.

17h00 : projection du documentaire Le premier matin du monde (52’), de Jean-Louis André, consacré aux habitants de Lapedina à partir des années 1970. Un échange avec l’auteur suivra. Participation libre. Bâtiment de la confrérie. Place de l’église Saint-Clément.

Présentation :
Il est des lieux qui racontent plusieurs histoires. C’est le cas de Lapedina, le hameau le plus haut perché de Pietracorbara.
Dans ce hameau, à partir de la décennie 1970, ont coexisté des habitants riches d’idéaux qui ont modelé leur vie.
L’idéal communiste, d’abord, celui du « grand soir », avec la certitude que le « combat des travailleurs » allait déboucher, tôt ou tard, sur la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme. L’idéal libertaire, ensuite, qui prônait une vie « sans Dieu ni maître ». L’idéal hippie, enfin, qui s’attachait à rompre avec le système dominant pour lui préférer une société de « paix et d’amour » en marge de la logique productiviste des Trente Glorieuses.
Ces trois sensibilités, ces trois façons d’être au monde se sont retrouvées au hameau de Lapedina.
Est-ce un hasard ? La configuration du lieu (la route finit avec ce hameau), l’état d’abandon des maisons (qu’il est possible de retaper) et la beauté du site (un balcon sur la vallée) se sont, de fait, conjugués.
Le sentiment de totale liberté que l’on peut éprouver et l’idée que la création artistique est infinie, stimulée par une nature débordante, jouent aussi en faveur de l’installation ou du maintien à Lapedina d’habitants en marge de la société.
Lapedina, hameau magnétique, où se sont côtoyées trois utopies.

Le mot de Jean-Louis André :

Lapedina, ultime hameau de Pietracorbara. Tout au bout de la route, les anciens se souviennent encore d’un kolkhoze à la soviétique et d’un anarchiste qui bâtissait des murs qui ne servaient à rien. Puis vinrent des chevelus qui redressèrent les murs de quelques maisons écroulées pour élever leurs enfants sous les grands chênes. Décroissants et survivalistes ont succédé à ces « hippies » et une fois par an, le temps d’une nuit de fête, convergent ici tous ceux qui, de Bastia à Bonifacio, ont choisi une autre vie.

Le film donne la parole à ceux qui se sont installés dans ce bout du monde pour vivre autrement. Il raconte l’accueil qu’ils ont reçu, les méfiances qu’ils ont rencontrées, les bonheurs qu’ils ont inventés et les réseaux qu’ils ont tissés. Leurs divergences aussi : ce n’est pas parce que tous refusent la société capitaliste, qu’il y a consensus entre la hippie d’hier, la survivaliste et le décroissant d’aujourd’hui.

Certains de ces parcours relèvent du militantisme, d’autres d’un simple épicurisme, mais tous sont étroitement liés à la mythologie de l’Ile. « Prendre le maquis », c’est encore et toujours inventer d’autres manières d’articuler nature et société. En cela, les personnages que présente le film sont universels.

A l’heure où nous aspirons à d’autres modes de vie, plus en accord avec nos rythmes essentiels, la radicalité de ces Corses, qu’ils soient natifs ou d’adoption, n’est donc plus seulement anecdotique. Elle nous questionne. »


Fiamone avec Pierre Bonte lors d’un tournage en 1977. (Photo D.A)

 


La fontaine « Mattei maire » allée Gabriel Peri à Lapedina suttana. (Photo D.A)